Le Réveil du c½ur
François d'Epenoux
Pocket
Note : 2/5

Quand le Vieux accepte d'assurer la garde de son petit-fils Malo durant tout le mois d'août, ce n'est pas de gaieté de coeur. Il faut dire qu'entre le misanthrope solitaire et l'enfant de six ans, il n'y a pas seulement un fossé de sept décennies, il y a un gouffre, des siècles, un univers entier. Et pourtant... magie d'un lieu hors du temps, atavisme croisé, miroir des coeurs ? Ces deux-là vont s'apprivoiser, mais aussi se reconnaître l'un dans l'autre, dans une tendresse réciproque et un caractère affirmé qui fait fi des années.
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Ce livre aurait pu me plaire si je l'avais lu dans quelques années, je pense. Ce n'est pas tellement mon style habituel de lecture, je trouve que c'est plutôt fait pour des adultes, ou alors des jeunes qui aiment les histoires qui pourraient être réelles.
Ce qui m'a le plus dérangée au début, ce sont les références à des films, des acteurs et des réalisateurs que je ne connais pas (ce qui a choqué mes parents puisque eux les connaissent, mais ce sont plutôt des films de leur génération, voire de celle de mes grands-parents, et que je n'ai jamais regardés), ce qui m'a un peu perdue et ennuyée puisqu'il y en a très souvent au début. Les références littéraires, beaucoup moins nombreuses, ça allait puisque je les avais toutes (c'est là que je me dis que ma place est bien en L !), et celles aux chansons aussi (les anciennes chansons passent plus souvent à la radio que les vieux films à la télé, vous ne trouvez pas ? Ou alors je préfère juste la musique). Je pense que pour une ado de seize ans, trop de références qu'on ne connaît pas et aucune à des choses plus récentes, c'est un peu dur à suivre.
L'autre chose qui m'a dérangée, c'est le côté réel de l'histoire (oui, c'est le principe d'un livre quand ce n'est pas du fantastique, je sais, mais je n'arrive pas à m'y faire). Quand je lis un livre, c'est justement pour échapper à la réalité. On l'a tous les jours alors pourquoi en rajouter dans les livres ? (vous allez peut-être trouver plein de raisons, j'en ai aussi, mais ça ne suffit pas à me convaincre). Et avec cette réalité, ce sont des adultes qui racontent l'histoire, donc impossible pour moi de m'identifier à qui que ce soit. Il y a Jean (le père, 42 ans au début de l'histoire), qui travaille dans un boulot où il doit obéir à une patronne qui ne respecte personne, qui a une vie banale et qu'il a l'air de trouver un peu minable (chouette image de l'avenir quand on a mon âge, donc), et le Vieux (on ne sait pas son nom, c'est juste le Vieux, ou alors Grand-Paria plus tard quand il aura un petit-fils) qui est resté bloqué dans les Trente Glorieuses et qui rejette tout ce qui provient de la société moderne (c'est un peu extrême, mais dans le fond il n'a peut-être pas totalement tort sur tout). Bref, trop de réalité, c'est déprimant quand on est ado. Les jeunes rêvent et imaginent un avenir comme ils aimeraient en avoir, sauf que la réalité vient tout gâcher, mais on continue de rêver quand même. Alors que j'ai l'impression que les adultes ont un peu laissé tomber. La réalité, ça fait plus longtemps qu'ils la connaissent, et ils ont peut-être fini par se dire que ça ne servait à rien de rêver (je généralise, hein, en plus je n'en ai aucune idée), et je crois que de ce point de vue-là ils ne comprennent pas trop les enfants (leurs problèmes ont tendance à nous boucher un peu l'horizon du bel avenir qu'on imagine, non ?). Je pense que c'est un peu ce que ça fait pour Malo, le petit-fils, et en même temps pour le lecteur, ou en tout cas pour moi. Ce qui m'a vraiment embêtée, c'est les réflexions du Vieux, et se mettre à sa place, parce que vieillir et mourir sont deux choses qui m'effraient et qu'on se retrouve un peu en face, dans ce cas-là. Je préfère éviter ces pensées, mais les livres racontés du point de vue d'adultes me font toujours cet effet, c'est triste, déprimant, et ça laisse un peu vide.
La partie racontée du point de vue de Jean, je ne l'ai pas aimée du tout. Ça décrit un quotidien vraiment déprimant, c'est là qu'il y avait le plus de références que j'ai pas comprises, et en plus je n'aime pas le personnage. Il dit à son père d'évoluer, mais au fond il a les mêmes idées. La partie racontée du point de vue du Vieux, par contre, c'était la meilleure. On se rend compte qu'il n'est pas le personnage détestable qui est la pour embêter tout le monde, mais plutôt le contraire : le meilleur personnage du livre. Il garde Malo pendant le mois d'août parce que ses parents divorcés ne savent pas quoi en faire (ce que je trouve un peu bête. Quand on a un enfant ce n'est pas pour continuer sa petite vie en essayant de le caser au milieu sans trop qu'il dérange, il est là c'est tout. Je ne critique pas qu'ils le laissent au grand-père, ça c'est plutôt bien, ce qui m'a énervée avec le personnage de la mère de Malo c'est qu'elle ne voulait surtout pas que le Vieux s'approche de son fils, que pendant six ans elle l'a tenu à l'écart, et que maintenant qu'elle ne sait pas trop quoi faire elle est prête à se servir du grand-père. Ça ne me paraît pas honnête du tout). Et finalement, ce mois est tout simplement génial. Il n'y a pas de télé ni de jeux-vidéos, mais tous les jours le « Grand-Paria » trouve de quoi s'amuser avec son petit-fils : journées à la plage, châteaux de sable, glaces, jeux de son enfance... C'est le genre de vacances que beaucoup d'enfants aimeraient passer avec leurs grands-parents. C'est un mois qui paraît vraiment joyeux, et cette partie-là est plutôt agréable à suivre, parce qu'on voit le Vieux changer petit à petit. Malo lui redonne un peu d'espoir pour l'avenir. On est triste pour lui quand les vacances se terminent (et que les parents n'ont plus besoin de lui, que la mère se dépêche d'arracher son fils à ce misanthrope maintenant qu'elle n'a plus rien à faire).
La fin elle-même m'a un peu déçue. Je ne m'attendais pas à ça, et moi qui commençais à apprécier le livre, ça a peut-être gâché cette bonne image que j'en aurais gardée grâce aux vacances. Finalement, c'était un début que je n'ai pas aimé et une fin que je n'ai pas aimée, avec au milieu quelque chose d'un peu plus intéressant, mais pas suffisant pour que j'aime vraiment le livre.
Je n'ai pas tellement aimé ce livre, même s'il a un point positif : le Vieux. Enfin quoique, la couverture est aussi très jolie, elle donne envie de lire. Au moins maintenant c'est sûr, je suis convaincue que je préfère éviter la littérature du côté des adultes (sauf en ce qui concerne la fantasy, bien sûr, je suis certaine que vous vous en doutiez un peu) et rester dans le rayon coloré des ados, ou alors celui souvent plus sombre de la fantasy. Je n'ai pas aimé parce que c'est très éloigné de mes goûts, mais je pense que vous pourriez apprécier si vous avez... plus de vingt ans ? Je ne saurais pas trop dire, vu que je ne les ai pas encore, mais disons que si vous êtes adulte, ça me paraît mieux, ou alors au moins si vous préférez les histoires réalistes à celles fantastiques.
