Bérénice
Jean Racine
Flammarion (GF)
Note : 4/5

"Bérénice est une tragédie où il n'y a pas de sang. Elle paraît pourtant d'autant plus douloureuse. Se séparer est pire ici que mourir. C'est le sort des trois personnages de la pièce : Bérénice, reine qui aime l'empereur Titus et qui devait l'épouser, Antiochus, qui voue un amour sans espoir à Bérénice. Il s'agit seulement de prononcer un mot, si dur, si tendre : adieu."
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C'est le premier livre que j'ai eu à lire en Lettres Modernes. Je suis en première année de licence, et j'attendais la fin du semestre pour vous parler des livres de cours de cette année. Heureusement, j'avais déjà lu certains des livres qu'on a étudiés, ça m'a permis de ne pas prendre trop de retard, mais j'ai été assez surprise de devoir lire autant de livres en même temps (on est d'accord, en faisant des études de lettres, j'aurais dû m'y attendre).
Bérénice, c'est donc une tragédie classique pas si classique que ça. On a dit que Racine avait fait une tragédie à partir de rien, et d'ailleurs lui-même était plutôt d'accord. Il ne s'y passe pas grand-chose. On suit d'abord Antiochus, roi de Comagène, qui est amoureux de Bérénice depuis cinq ans mais est obligé de faire passer son amour pour de l'amitié, car Bérénice aime Titus, et Titus l'aime aussi. Ils doivent se marier, mais Titus, qui vient de devenir empereur de Rome, veut respecter les lois romaines. Il va donc se séparer de Bérénice, mais il ne sait pas comment lui dire. Vous voyez ce qui peut arriver ensuite. Toute la pièce est remplie de monologues, et il ne se passe vraiment rien. On passe du désespoir de Bérénice à celui de Titus et à celui d'Antiochus, avec un tout petit peu d'espoir au milieu pour faire repartir l'histoire.
Il n'y a donc aucune action, pourtant j'ai bien aimé. Ce qui compte dans Bérénice, c'est la beauté des sentiments, et ça marche. Enfin, ça marche à peu près. Bérénice est légèrement agaçante, et je trouve que pour une reine elle ne tient pas beaucoup à sa dignité (même en temps que fille normale, je refuserais qu'on me voie dans un état pareil). Titus est aussi embêtant avec son hésitation. Par contre, Antiochus est parfait ! La pièce aurait dû porter son nom ! C'est le personnage que j'ai préféré, il n'est ni vraiment indécis ni ridicule, juste victime des choix des deux autres personnages. Son amour pour Bérénice est tellement sincère qu'il appelle Titus pour l'aider, et pourtant tout le monde le sous-estime. Bérénice ne veut pas de lui et Titus ne prend même pas la peine d'être jaloux. Il a plus de grandeur que les autres mais il reste dans l'ombre. J'ai trouvé que c'est un personnage admirable.
Je n'ai rien de plus à dire, puisque les pièces de théâtre sont toujours assez courtes et que ce n'est pas mon genre préféré. En tout cas, je pense avoir eu énormément de chance de tomber sur cette pièce-là, que j'ai beaucoup appréciée ! Si jamais vous voulez essayer Racine, je vous conseille plutôt Bérénice qu'Andromaque (je n'ai pas lu les autres).
