Reves-de-Lectures

 
 


 
 
   Jean et Bérenger discutent quand un rhinocéros passe et affole le village. A partir de cet incident, les habitants se transforment un par un en rhinocéros. Bérenger résiste, il est l'un des derniers à ne pas vouloir subir la même transformation. Mais est-ce le meilleur choix ? 
 
 
 
 
   Voilà encore un livre pour les cours, et cette fois-ci je suis vraiment très contente de l'avoir lu (c'était en première, il y a deux ans) ! D'abord, replaçons un peu les choses dans leur contexte déprimant : ça faisait plus de cinq ans que j'avais droit exclusivement à Molière dès qu'on parlait de théâtre, et honnêtement, un peu de Molière c'est bien, mais trop de Molière tue le Molière ! (une blague de L qu'on sort à peu près pour chaque auteur qui est mort)
 
   C'est donc un style tout nouveau que j'ai découvert : le théâtre de l'absurde. J'aime beaucoup ! La pièce commence directement par une scène assez marrante qui est franchement chouette à lire à plusieurs en cours, et tout le reste de la pièce est tellement bizarre que ça devient intéressant. D'ailleurs, c'était la première fois de ma vie entière (non, je vous assure, je n'exagère pas) que je levais la main pour lire (en même temps, je n'aurais pas voulu rater une occasion de contredire Thomas, qui faisait le deuxième personnage. Qui l'embêterait, sinon ?). Les deux seuls personnages dont on a le nom sont Bérenger (que j'ai lu) et Jean (ça c'était Thomas - je sais, ça change votre vie de le savoir), et ils s'opposent énormément. Jean, c'est celui qui est toujours bien habillé, souliers cirés, et qui fait la leçon à tout le monde, alors que Bérenger c'est plutôt celui qui arrive mal coiffé dans des habits froissés avec une petite gueule de bois. L'histoire commence quand ils sont sur la place du marché avec d'autres personnages, et qu'ils aperçoivent un rhinocéros.
 
   Il y a un passage que j'ai adoré parce qu'il m'a rappelé des souvenirs. Il y a un moment où les personnages répètent plusieurs fois « Oh ! Un rhinocéros ! » et « Ça alors ! », et je ne sais pas si ça vous dit quelque chose mais c'est exactement un passage des Barbapapas (ils ont dû faire un petit clin d'œil), quand Barbapapa s'était transformé en valise et qu'il était allé sauver des animaux prisonniers dans leur cage (alors, vous voyez que ça sert d'être en L ! On n'arrête pas de repérer des références à des livres dans pleins de choses ! Et ce qui est super cool, c'est qu'on est un peu les seuls). Ça me fait penser, la prof nous disait que Eugène Ionesco refusait catégoriquement qu'on essaie d'interpréter ses pièces ou de trouver un message dedans, alors pourquoi on l'étudie ?? C'est vrai qu'on peut peut-être trouver une ressemblance avec les régimes totalitaires, mais il peut aussi bien avoir écrit cette pièce sans y penser.
 
   Bref, je ne vous en dit pas plus pour ne pas vous gâcher l'histoire, mais en tout cas c'est vraiment un livre marrant et qui se lit très rapidement. Si jamais vous avez à l'étudier, je pense que ça pourrait vous plaire aussi !

 
 


 
 
   « D'un blanc cristallin, ce blanc dur et froid, presque bleu, le dragon de glace était couvert de givre ; quand il se déplaçait, sa peau se craquelait telle la croûte de neige sous les bottes d'un marcheur et des paillettes de glace en tombaient. Il avait des yeux clairs, profonds, glacés. Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche. S'il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait. S'il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n'en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs. Le dragon de glace soufflait du froid. » 
 
 
 
 
   Devinez pourquoi j'ai choisi ce livre ? Bingo ! Parce que George R.R. Martin l'a écrit (et que c'est beaucoup plus rapide à lire que Le Trône de Fer et ses 1000 pages par tome). Parlons donc tout de suite de lui !
 
   On reconnaît immédiatement que c'est lui qui l'a écrit. Pourquoi ? Mais pour le côté fantasy de l'histoire, qui se passe dans le nord, sous la neige, en grande partie l'hiver, et avec des dragons, bien sûr (ça, mais surtout le côté gore et impitoyable de l'histoire. Sérieusement, c'est un conte destiné aux enfants ??). C'est quasiment désespérant, je crois que l'auteur n'a pas la moindre idée de ce qui peut être légèrement choquant. Parce que, de ce que j'ai compris, c'est une histoire pour enfant (à la base, même si je ne lirais jamais ça à mes enfants avant qu'ils dorment, je ne tiens pas à les traumatiser ou à en faire des bourreaux). Je vous le dis tout de suite, il ne nous épargne rien, d'autant plus que c'est la guerre : on voit donc sans problème défiler des soldats estropiés (ça va de celui qui a les deux yeux crevés à ceux qui ont perdu un membre, voire deux, voire quatre, en passant par les brûlés qui sentent la putréfaction à l'autre bout de la route, et ceux qui meurent et qu'on laisse justement sur le côté de la route. Voilà, bonne nuit et faites de beaux rêves). J'étais loin de m'attendre à ça, mais honnêtement, ça ne m'a pas vraiment surprise (on parle de George R.R. Martin).
 
   A part tuer des gens et en mutiler d'autres, je n'ai pas vu tellement d'intérêt à l'histoire. Ah, je ne vous ai pas dit ! On suit Adara, une enfant de l'hiver (sa mère est morte en la mettant au monde), qui ne ressemble pas aux autres et qui attend avec impatience l'hiver pour voir le dragon de glace (en quelque sorte son pote). Elle est assez sympathique, et le dragon de glace est totalement fascinant. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur lui (et sur l'endroit qui est appelé "the land of always-winter", ça semble magique). Il ne se passe pas grand-chose, on voit surtout la succession des hivers, et la fin m'a paru bâclée. C'était vraiment très frustrant !
 
   Passons au gros point fort de ce livre : les illustrations de Luis Royo. Elles sont magnifiques ! D'une seule couleur, un bleu hivernal très approprié, il y en a sur environ la moitié des pages. J'admire les détails que l'illustrateur a faits : la moindre petite branche est dessinée, pareil pour les feuilles quand il y en a (les soldats estropiés aussi, si jamais vous vous posiez la question). Vous allez sûrement passer plus de temps à les observer qu'à lire l'histoire. Je ne sais pas pour la version française, mais sous la jaquette de la version américaine il y a un dragon bleu comme de la glace et brillant sur le livre gris clair, c'est très beau.
 
   La version anglaise ne m'a pas semblé difficile du tout, d'autant plus que le livre fait 120 pages et qu'il y a des illustrations partout. Il faut juste s'habituer au vocabulaire de conte, donc pas très courant aujourd'hui (seldom ou ofttimes, par exemple). Je dois quand même reconnaître que, étant une grande fan de fantasy, le vocabulaire qui va avec ce genre m'est familier et je ne remarque même plus les mots qui en font partie, alors peut-être que certains pourront vous poser problème. Dans tous les cas, si vous êtes un minimum à l'aise en anglais, ça devrait aller, surtout que la minuscule épaisseur du livre est plutôt encourageante.
 
   Je vous conseille ce livre si vous avez envie d'un petit conte sympathique et bien violent pour l'hiver, c'est lu en moins d'une journée, mais ne vous attendez pas à ce que ça ressemble au Trône de Fer (enfin, sauf en ce qui concerne la guerre).

 
 
 
   Bonjour à tous ! Cette année commence avec un record de livres dans mon existence, mais à une exception, ils sont tous pour les cours (les acheter, c'est sympa, devoir les lire en moins de trois mois, ça l'est moins). Je ne vous fais pas perdre plus de temps ! 
 
 

 
 
   – 14-14, de Silène Edgar et Paul Beorn : C'est le seul livre ici que vous verrez parce que j'avais envie de le lire, tout le reste est pour les cours ! Je cherchais un livre que je pourrais lire vite, parce que les cours prennent du temps (vous pouvez le voir à ce qui suit), et surtout que je pourrais emporter dans le bus (très important, d'occuper le temps de bus, et un livre ne manquera jamais de batterie). C'est tombé sur celui-ci : il fait moins de 300 pages et j'avais déjà envie de le lire à sa sortie en 2014 (mieux vaut tard que jamais). Je l'ai déjà terminé et je vous en reparle mercredi prochain dans une chronique !
 
   – Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce : Le premier livre de cours que j'ai dû lire ce semestre ! Vous n'imaginez pas mon horreur quand j'ai vu ce titre (en terminale ou en première, je ne sais plus trop, mes amis étaient allés voir le film et avaient adoré, c'était donc très mauvais signe). L'avantage, c'est que l'auteur est de la même région que moi, et à son époque, il était assis sur les mêmes bancs de la même fac (je suis sûre que les bancs n'ont pas changé depuis). La base de l'histoire, c'est l'annonce que Louis a à faire à sa famille qu'il n'a pas vue depuis des années : il va mourir. C'est tout, il ne se passe rien d'autre (n'en demandez pas trop, c'est du théâtre moderne !).
 
   – Dom Juan, de Molière : Il semblerait que dans des études de lettres, on doive connaître le théâtre classique par cœur. Racine et Corneille, c'est joli, mais ce n'est pas ma tasse de thé, rien ne vaudra jamais Molière ! Sauf qu'il se trouve que les pièces les plus utiles sont celles qui ont fait polémique (c'est-à-dire Le Tartuffe, Le Misanthrope, Le Malade Imaginaire et Dom Juan), pile celles que je n'ai jamais lues. Avec tout ce qu'il y a à lire ce semestre, je ne vais pas lire les quatre, alors j'ai fait mon choix grâce aux couvertures (la faiblesse, je sais, mais regardez le style de ce Don Juan ! J'ai cherché la mise en scène partout sur internet, mais je ne l'ai pas trouvée, c'est tellement triste !). Vous connaissez sûrement un peu l'histoire, et comme je ne la connais pas mieux que vous, je ne vais pas prendre le risque de vous la résumer.
 
   – Lorenzaccio, d'Alfred de Musset : J'avais déjà On ne badine pas avec l'amour, mais le prof veut absolument Lorenzaccio (d'où "Lisez une pièce de Musset". Je peux vous garantir que pour "Lisez Andromaque ou Phèdre", c'est-à-dire "Lisez Phèdre", il va se contenter d'Andromaque). L'histoire m'a l'air très intéressante, puisque de ce que j'ai compris, on suit Lorenzo de Médicis, qui va tenter de libérer Florence de la tyrannie de son cousin (vous me mettez des Médicis, je pense au Moyen-Âge, donc j'ai envie de le lire, évidemment). En plus, le théâtre ne prend pas beaucoup de temps à lire, c'est pratique, ça change des 700 pages de Proust... C'est parfait !
 
 
 
 
 

 
 
   – Le mariage de Figaro, de Beaumarchais : Je le reconnais tout de suite, je n'ai pas la moindre idée de l'histoire, même si je me doute qu'un certain Figaro va se marier (j'ai ouvert le livre au hasard et j'ai vu Scène 19, j'ai failli jeter le livre par la fenêtre). En général, les profs n'aiment pas qu'on prenne les éditions Larousse Petits Classiques, mais de toute façon on ne va même pas en parler en cours, il faudra juste le connaître pour être interrogés dessus (au moins, cette édition à une jolie couverture qui donne un minimum envie de laisser sa chance au livre plutôt que de le laisser moisir des années sans y toucher ! Et ça met un peu de couleur dans la bibliothèque, un aspect qu'on ne devrait jamais négliger).
 
   – Ruy Blas, de Victor Hugo : Je suis arrivée jusqu'à 18 ans (d'ici que je le lise, ce sera 19) en ayant lu seulement Claude Gueux, il fallait bien se mettre un peu à Victor Hugo (même si avec lui, on connaît la fin avant même d'avoir commencé). Je crois que Ruy Blas est un serviteur amoureux d'une reine, alors forcément, ça risque de lui poser quelques problèmes (pourquoi il ne peut pas aimer une servante ? Ce n'est pas assez bien, une servante, peut-être ??). Le costume du personnage de la couverture est très chouette, alors ça ne devrait pas être si horrible à lire (je vous laisse chercher le lien).
 
   – Hernani, de Victor Hugo : Parce que le prof ne veut pas un drame de Victor Hugo, non, il lui en faut deux ! Je m'attends à souffrir, je n'aime pas particulièrement Victor Hugo (à la même époque, Alexandre Dumas était largement plus intéressant !). Allez, passons aux livres qui valent la peine d'être lus (enfin, j'espère) !
 
   – Frankenstein, ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley : Vous connaissez forcément cette histoire (est-ce que vous êtes en train de visualiser le moment en pleine nuit où il y a un grand coup de tonnerre, où on voit l'électricité jaillir, et la créature prendre vie ?). Lui, je suis très contente qu'on doive l'étudier, surtout que la prof de littérature comparée qui s'en occupe est absolument géniale ! Elle est là pour nous parler du posthumain, c'est-à-dire les évolutions possibles de l'humanité dans la science-fiction (je n'aurais jamais cru avoir ce genre de cours ! C'est passionnant ! On travaille sur la frontière entre l'humanité et l'inhumanité, la morale dans la science, ce genre de choses). En plus, il s'agit quand même du premier livre de science-fiction, ce qui n'est pas rien, et il a été écrit par une femme d'à peine vingt ans !
 
 
 
 

 
 
   – Auprès de moi toujours, de Kazuo Ishiguro : Voici le deuxième livre pour le cours sur le posthumain. J'ai tout de suite pensé "Chouette, un livre japonais !", mais en fait il est seulement anglais (c'est bien aussi, l'Angleterre, mais on y est plus habitués). Ça se passe dans une société où on clone les humains pour que certains servent de réserve d'organes, ce que je trouve totalement abominable et qui pourrait arriver (je ne fais pas confiance aux scientifiques, ils oublient trop facilement l'humanité et la morale). Je suppose qu'avec les petits singes qui ont été clonés récemment, on va pouvoir facilement relier ça à l'actualité (vous les avez vus ? Ils sont tellement mignons !). Ça m'a fait penser à l'histoire de la petite fille qui avait porté plainte contre ses parents parce qu'on lui prenait de la moelle osseuse, du sang et des organes depuis qu'elle était toute petite pour sauver sa sœur (une super existence, de garder des pièces de remplacement au chaud et de ne pas avoir de vie parce qu'on passe son temps à l'hôpital et à se rétablir des opérations auxquelles on n'a pas consenti. C'est écœurant, d'imaginer que certaines personnes ne voient pas le problème avec ça ! "Mais c'est pour sauver sa sœur !". Mais bien sûr, pourrissons la vie de deux petites filles au lieu d'une, c'est tellement plus humain !). Ça me paraît super pour réfléchir à tous les défauts des humains, un sujet que j'aime beaucoup et qui a l'air inépuisable.
 
   – Les Mémorables, de Lidia Jorge : Les trois derniers sont pour un autre cours de littérature comparée, sur la littérature du Portugal et d'Angola, qui a l'air très intéressant. On va voir toute la période entre la dictature de Salazar (dont je n'avais jamais entendu parler avant la fac, très étonnant) et l'indépendance des colonies portugaises comme l'Angola. Ce livre-là parle d'une journaliste qui interroge les gens qui ont vécu cette période. Apparemment c'est le plus long et le plus compliqué des trois.
 
   – Le Marchand de passés, de José Eduardo Agualusa : Je ne suis pas sûre d'avoir tout suivi pour celui-là, mais c'est celui qui vient d'Angola. Il me semble qu'on suit quelqu'un qui invente un passé à ceux qui ont fait la guerre et qui n'étaient pas très bien vus (je vous ai précisé que ma prof pour ce cours doit être en partie Portugaise ? Elle prononce parfaitement les titres en portugais et les noms des auteurs, je trouve ça impressionnant et très très chouette !).
 
   – Le Cul de Judas, de Antonio Lobo Antunes : Tout le monde va commencer par ce livre pour son titre. Il faut reconnaître que ça change de ce qu'on étudie habituellement ! C'est l'histoire d'un ancien soldat portugais qui raconte l'enfer dans lequel il a été forcé de se battre en Angola, avant l'indépendance, et ça a l'air plutôt sympa à lire. Je ne sais pas comment je vais me débrouiller pour lire tout ça, mais j'ai hâte de vous dire ce que j'en aurai pensé !