Presque Minuit
Anthony Combrexelle
404 Editions
Note : 2/5

Paris, 1889. Six orphelins en cavale, devenus gamins des rues par la force des événements, volent et détroussent les passants. Alors que l'Exposition universelle débute, ils font l'erreur de dérober le mauvais objet aux mauvaises personnes. Leurs mésaventures aux quatre coins de la ville les amèneront à découvrir les secrets d'un monde magique où s'affrontent créatures mythologiques, sorcières et terrifiants ennemis mécaniques. Plus que jamais, Moignon, Allumette, Bègue, Morve, Boiteux et Pleurs devront se battre pour sauver leur vie et celle des habitants de la capitale.
* * *
J'ai peiné à donner une note à ce livre, et je sens que je vais peiner aussi à faire court pour vous expliquer pourquoi ! Pour vous résumer avant de commencer : le début, pas bien ; vers la fin, mieux ; la fin, moins bien.
C'est parti pour la première partie (la plus violente et négative, désolée pour vos yeux) ! D'abord, commençons par le début. Un désastre, selon moi. C'était horriblement long ! Je peinais à lire plus de dix pages par jour, et il fallait que je me force pour en arriver là (on ne sait jamais, la suite serait peut-être mieux). En tout cas, je n'ai jamais lu aussi lentement sauf quand il s'agit de livres de cours. L'auteur a épuisé ma patience du début, l'histoire met trop de temps à se dévoiler, j'avais juste envie de poser ce livre et de ne jamais le rouvrir. C'était comme si chaque page risquait d'être celle qui allait provoquer une overdose. Ça vient surtout d'un problème dans l'écriture (mais ce n'est que mon avis). L'écriture, donc, m'a surprise. C'est très bien écrit. Trop bien (et ça ressemble à une façade, parce que j'ai repéré beaucoup de petites fautes qui peuvent passer inaperçues mais qui dérangent forcément la L que je suis). Le vocabulaire et les tournures de phrases sont très diversifiés, ce qui est plutôt impressionnant au début. C'est le genre d'écriture qu'on nous vante en cours en nous disant que c'est ce qu'il faudrait atteindre. Sauf que c'est ennuyant (je suis désolée, mais je préfère encore l'écriture de Balzac). L'écriture est tellement travaillée (elle a l'air de l'être, en tout cas) qu'elle prend toute la place. Si on veut suivre, il faut se concentrer sur les mots, ce n'est pas fluide du tout. Et surtout, j'ai eu l'impression que l'auteur s'était tellement concentré sur l'écriture qu'il en a oublié le reste. Ou alors c'est simplement son style, qui paraîtra sûrement très bien à d'autres mais que je n'ai pas aimé.
Ce qui m'a vraiment dérangée, c'est que je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, c'est horriblement frustrant ! L'auteur avait l'ambition de faire des personnages attachants, comme il l'explique à la fin, mais à mes yeux, c'est raté. Il y a une trop grande distance entre eux et le lecteur, imposée par l'écriture. Les pièces, les objets et les actions sont plus décrits que les personnages. Ils sont décrits physiquement et on voit certains de leurs souvenirs, mais toujours comme un observateur extérieur (et ça ne vient pas de la narration à la troisième personne, il y en a des tonnes qui marchent très bien). On n'a pas accès à leurs pensées et à leurs sentiments, à ce qu'ils sont vraiment, d'une manière qui permette de se mettre à leur place. Honnêtement, je sais que certaines personnes aiment le détail, mais je me fiche complètement du moindre meuble et de sa position dans une pièce ou de ce qu'il y a dessus, alors que je n'arrive même pas à l'intégrer et à l'imaginer au moment où je lis cette description. De mon point de vue, l'auteur s'est concentré sur des aspects trop superficiels. Mais évidemment, ce n'est que mon avis : j'ai tendance à rechercher l'humain dans un livre, l'humanité qu'il y a en chaque personnage. Et là, l'écriture m'en a empêchée. Ce style trop travaillé met une trop grande distance entre le lecteur et les personnages.
En plus (mais là c'est vraiment personnel), je ne supporte plus que tout ce qui se passe en France soit situé à Paris ! Ce n'est pas de la faute du livre, c'est vrai, mais ça fait partie de ce qui m'a dérangée. La France, ce n'est pas seulement Paris ! A chaque fois que je lisais un nom de rue ou de pont, mon cerveau décrochait. Dans la fantasy, on donne rarement des noms de rue, ou alors deux ou trois importantes ; mais dès qu'on est à Paris, les auteurs en abusent (on a compris, ils ont fait leurs repérages). Le pont de la tournelle et ce genre de choses hyper précises qui surabondent, je n'en ai rien à faire, je me fiche d'une rue qu'on ne voit qu'une fois de tout le livre, ça n'évoque rien pour moi ! Pour les Parisiens, ça doit être sympa de reconnaître les endroits, ou même quand on ne l'est pas mais qu'on y va une journée et qu'on se dit « ah mais oui, c'est là que ... ! ». Mais pour moi, à part si la rue a une importance particulière, je me fiche de son nom. Et si le nom lui-même est censé véhiculer une idée, je ne suis pas Parisienne, je la rate forcément ! (Tout ce que j'ai retenu de Paris, c'est : le 16e = bourgeois, le Marais = gay).
Tout ça a contribué à rendre la lecture horriblement fastidieuse et ennuyante. J'ai cru que je n'arriverais jamais à la page 100 ! J'ai beaucoup hésité à ne pas le terminer, à arrêter au bout de 70 trop longues pages, mais c'est un cadeau de mon père, alors je me devais de lui laisser sa chance jusqu'à la fin au cas où ça s'arrangerait (et du coup, ça m'embête de ne pas l'avoir aimé, quand on nous offre un livre on préfère forcément dire qu'il était génial. Mais bon, mon père s'est sûrement fié à la couverture, qui est franchement très jolie, et c'est dommage que l'intérieur ne soit pas à la hauteur). Bref, si je l'avais acheté moi-même, je ne me serais pas forcée et j'aurais été très déçue d'avoir gaspillé mon minuscule budget livre d'étudiante alors que j'aurais pu le dépenser pour un livre plus intéressant.
Habituellement, vu la longueur de cette chronique, je m'arrêterais là, mais il faut quand même que je vous parle des quelques points positifs (c'est long, mais je me sens obligée de justifier mon avis en détail quand je casse un livre comme ça). Au bout de 170 pages, on commence à voir l'histoire et à comprendre ce qui va se passer. Je dirais que de la page 200 jusqu'à la page 300, en gros, c'était intéressant. C'est le moment du livre où on commence à vouloir savoir la suite. L'histoire est une très bonne idée, les automates qui veulent prendre le contrôle de Paris sont pile poil assez intrigants. Et, forcément, quand ça devient un peu gore et monstrueux, c'est beaucoup mieux (d'ailleurs, il y a des moments vraiment très gores et cruels auxquels je ne me serais pas attendue). Au bout d'un moment, j'ai commencé à m'attacher à un personnage. Pas de chance, la fin m'a déçue et a fait retomber l'intérêt qui s'était développé, et le livre s'est terminé sur une mauvaise note, comme il avait commencé. Sans ça, je serais restée sur une bonne impression et j'en aurais gardé un meilleur souvenir. SPOILER (surlignez la suite) : L'auteur a osé tuer mon personnage préféré ! Ou plutôt, le seul personnage auquel j'avais fini par m'attacher. A mon sens, c'est trop de morts inutiles et on passe trop rapidement dessus. FIN DU SPOILER.
Je suis très sévère avec ce livre, et croyez-moi, j'aurais préféré avoir un éloge à faire sur un livre français (en plus, vous savez que j'ai tendance à tout aimer, moi-même je me rends compte que je surnote la plupart des romans que je lis). J'imagine toujours les auteurs tomber sur un avis pareil, et je me dis qu'ils doivent être mortifiés devant, avec sous les yeux de quoi réduire en miettes leur travail de plusieurs années et tout l'espoir qu'il y a avec (monsieur l'auteur, si vous passez par là, ce n'est pas du tout contre vous). C'est le premier livre de l'auteur et il ne m'a pas plu (mais alors pas du tout !), ce n'est pas de chance, et je suis déçue autant de cette chronique qui manque d'enthousiasme que de ma lecture, qui manquait tout autant d'enthousiasme. Le dernier livre qui m'a autant ennuyée, c'était Vango, de Timothée de Fombelle (dont j'ai perdu la chronique, une chance pour vous !). Je pourrais continuer à vous dire à quel point ce livre m'a déçue, mais je dois commencer à moi-même vous ennuyer (je sais, la plupart du temps, les très longues chroniques annoncent des coups de c½ur, mais je trouve important de ne pas se contenter de « c'était nul, j'ai pas aimé »). On est censé trouver de la bonne humeur, ici !
Bref, une grosse déception ainsi qu'une grosse perte de temps, qui m'a fait choper un genre de mauvais rhume livresque : il m'a coupé 'envie de lire, ce roman ! Franchement, chacun ses goûts, et vous l'adorerez peut-être, mais votre survie m'importe et je ne peux pas vous le conseiller ! (En fait, je vous recommanderais même de vous en tenir aussi éloigné que possible).
Vous l'avez lu ? Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
